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TRANSCRIPTION DE LA VIDÉO N°1:
Transcription d’un extrait au cours duquel Jean-Pierre Chevènement rappelle les exigences qu’il avait fixées pour l’enseignement et notamment pour le Bac.
Journaliste :
« Plus de 80% de réussite au bac, un succès pour l’Education Nationale, un succès pour la France. L’objectif fixé par Jean-Pierre Chevènement en 1984 est atteint. Mais quel objectif ? Qu’en pense celui qui avait fixé ce but comme une priorité pour la Nation ? »
Jean-Pierre Chevènement :
« Je dirais que le fait de ne disposer que d’un peu moins de deux ans m’a obligé à travailler beaucoup et j’ai fixé les objectifs ambitieux à notre système scolaire. En particulier, le fameux 80 % d’une classe d’âge au niveau du Baccalauréat, ce qui n’a pas toujours été bien compris, parce que les gens ont compris 80 % de bacheliers. Ce n’était pas dans mon esprit car si je suis un partisan de la démocratisation de l’enseignement, je suis aussi pour le maintien de sa qualité. Et j’avais d’ailleurs, à l’époque, évoquer l’élitisme républicain, c’est-à-dire à la fois le souci de faire progresser le plus grand nombre et de permettre à chacun d’aller au bout de ses possibilités. »
Transcription d’un extrait au cours duquel Jean-Pierre Chevènement rappelle les exigences qu’il avait fixées pour l’enseignement et notamment pour le Bac.
Journaliste :
« Plus de 80% de réussite au bac, un succès pour l’Education Nationale, un succès pour la France. L’objectif fixé par Jean-Pierre Chevènement en 1984 est atteint. Mais quel objectif ? Qu’en pense celui qui avait fixé ce but comme une priorité pour la Nation ? »
Jean-Pierre Chevènement :
« Je dirais que le fait de ne disposer que d’un peu moins de deux ans m’a obligé à travailler beaucoup et j’ai fixé les objectifs ambitieux à notre système scolaire. En particulier, le fameux 80 % d’une classe d’âge au niveau du Baccalauréat, ce qui n’a pas toujours été bien compris, parce que les gens ont compris 80 % de bacheliers. Ce n’était pas dans mon esprit car si je suis un partisan de la démocratisation de l’enseignement, je suis aussi pour le maintien de sa qualité. Et j’avais d’ailleurs, à l’époque, évoquer l’élitisme républicain, c’est-à-dire à la fois le souci de faire progresser le plus grand nombre et de permettre à chacun d’aller au bout de ses possibilités. »
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DOCUMENTS UTILISÉS EN CLASSE
DOCUMENTS UTILISÉS EN CLASSE
L'enseignement secondaire: schéma:
VIDÉO N°2: Albert Dupontel, "L'oral du Bac"
VIDÉO N°3: Les Sous-doués passent le Bac (1979)
Vocabulaire : Le baccalauréat (« Le bac » ou « le bachot »)
passer le Bac : to take the baccalauréat
avoir son Bac, réussir au bac : to pass the baccalauréat
être (un) bachelier, (une) bachelière : a person who has passed the baccalauréat
rater le Bac : to fail the baccalauréat
La réussite: success
passer une épreuve : to take an exam
échouer à: fail
se faire recaler en philo, en math, en histoire-géo : to flunk…
se faire coller au bac : to flunk…
Avoir la moyenne: to have an average of 10 out of 20
avoir une mention au Bac : to pass with distinction
avoir la mention « bien », « assez bien », « très bien »
avoir les félicitations (n.f.) du jury : to pass higly commended/with honors
fixer des objectifs (n.m.)/des buts (n.m) : to set objectives/goals
fixer un taux de réussite : to set a success rate
maintenir des objectifs : to keep objectives
le maintien : upholding/preservation
le souci : concern
se soucier de/se préoccuper de : to worry about/ to be concerned with
La démocratisation: democratization
Une filière: a subject, course
> la filière littéraire (Bac L), la filière scientifique (Bac S)
La spécialisation: specialization
Une épreuve: a test/examination
Texte complémentaire sur le sujet des 80% d'une classe d'âge au baccalauréat:
80 % d’une génération au bac : du slogan au vœu pieux ((juin 2007)
« Amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat. » Imposé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Education nationale, l’objectif , devenu slogan, apparaît pour la première fois dans la loi d’orientation de 1989 (loi Jospin) et une seconde fois, 15 ans plus tard, en 2005 (loi Fillon). « Ce n’était pas une idée révolutionnaire, tous les grands pays industrialisés ont commencé à généraliser leur enseignement secondaire au milieu des années 80 », rappelle Christian Forestier, ancien recteur et membre du Haut conseil de l’Education.
Son efficacité a d’ailleurs été immédiate : alors qu’en 1985, moins de 30 % d’une classe d’âge décrochait son baccalauréat, ils étaient 64 % dix ans plus tard, selon les statistiques du ministère de l’Education nationale.
« Si cela avait été un objectif à atteindre en garantissant le niveau de qualité du bac, on ne pourrait pas être contre mais en réalité, c’est un quota », estime Bernard Kuntz, président du Snalc-CSEN, syndicat enseignant traditionnellement classé à droite.
Aujourd’hui, « le bac est largement bradé » ajoute-t-il, et l’Education Nationale a profité de ce slogan pour mettre en place des « usines à gaz ».
En 1995, « on y était presque : 65 % de bacheliers correspondent à 70 % d’une génération au niveau bac », commente M. Forestier, pour qui au contraire, « le niveau du bac a augmenté, et il est très exigeant ». En tout cas celui du bac général.
« Le système
s’est mal ficelé »
Depuis le milieu des années 90, les chiffres montrent une stagnation, voire une baisse : 62,8 % d’une classe d’âge décroche le précieux sésame pour l’Enseignement supérieur du bac en 2001 et 63,8 % en 2006, un succès historique.
Dans un premier temps, la création des bacs professionnels en 1985 a lancé la machine, puis, avec les bacs technologiques, ils ont continué à grossir les effectifs de jeunes arrivés au niveau bac.
Mais, « le système s’est mal ficelé : les jeunes se retrouvent dans des formations par défaut », c’est-à-dire les élèves en échec en bacs pros et technos et les autres en bacs généraux, analyse Patrick Rayou, professeur de Sciences de l’Education à l’IUFM de Créteil-Paris XII.
Et comme ces deux premiers diplômes sont « dévalorisés », les jeunes et leurs parents « perdent confiance dans le bac ». Résultat : « l’apprentissage et l’ANPE récupèrent les non bacheliers », en rupture avec le monde scolaire et qui jugent inutile de passer un diplôme qui ne leur garantit pas un meilleur travail, commente l’enseignant-chercheur.
Mais paradoxalement, c’est chez les bacs généraux qu’on observe depuis cinq, six ans un décrochage : 38 % d’une classe d’âge y accédait en 1985, 33 % seulement en 2001, 34,6 % en 2006.
« Les 80 % de l’époque ont été compris comme 80 % de réussite au bac général », explique Christian Forestier, mais, « si on regarde les textes, il est très clair que ce n’était pas ça ».
Plus que ça, « à niveau scolaire équivalent, la probabilité d’être en voie technologique ou professionnelle est sociale », assure-t-il.
« C’est la voie technologique, notamment tertiaire, qui a permis d’amener les enfants des couches moyennes et basses au bac, afin de préserver l’espèce en voie générale », ironise le spécialiste. Or, ajoute-t-il, « on a fait le plein chez les riches ».
« Mythe », « quota » ou « objectif » : à moins d’une semaine du bac, l’ambition d’amener 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat, gravée dans le marbre de la République depuis vingt ans, semble, au vu des chiffres, s’être transformée en vœu pieux.
« Amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat. » Imposé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Education nationale, l’objectif , devenu slogan, apparaît pour la première fois dans la loi d’orientation de 1989 (loi Jospin) et une seconde fois, 15 ans plus tard, en 2005 (loi Fillon). « Ce n’était pas une idée révolutionnaire, tous les grands pays industrialisés ont commencé à généraliser leur enseignement secondaire au milieu des années 80 », rappelle Christian Forestier, ancien recteur et membre du Haut conseil de l’Education.
Son efficacité a d’ailleurs été immédiate : alors qu’en 1985, moins de 30 % d’une classe d’âge décrochait son baccalauréat, ils étaient 64 % dix ans plus tard, selon les statistiques du ministère de l’Education nationale.
« Si cela avait été un objectif à atteindre en garantissant le niveau de qualité du bac, on ne pourrait pas être contre mais en réalité, c’est un quota », estime Bernard Kuntz, président du Snalc-CSEN, syndicat enseignant traditionnellement classé à droite.
Aujourd’hui, « le bac est largement bradé » ajoute-t-il, et l’Education Nationale a profité de ce slogan pour mettre en place des « usines à gaz ».
En 1995, « on y était presque : 65 % de bacheliers correspondent à 70 % d’une génération au niveau bac », commente M. Forestier, pour qui au contraire, « le niveau du bac a augmenté, et il est très exigeant ». En tout cas celui du bac général.
« Le système
s’est mal ficelé »
Depuis le milieu des années 90, les chiffres montrent une stagnation, voire une baisse : 62,8 % d’une classe d’âge décroche le précieux sésame pour l’Enseignement supérieur du bac en 2001 et 63,8 % en 2006, un succès historique.
Dans un premier temps, la création des bacs professionnels en 1985 a lancé la machine, puis, avec les bacs technologiques, ils ont continué à grossir les effectifs de jeunes arrivés au niveau bac.
Mais, « le système s’est mal ficelé : les jeunes se retrouvent dans des formations par défaut », c’est-à-dire les élèves en échec en bacs pros et technos et les autres en bacs généraux, analyse Patrick Rayou, professeur de Sciences de l’Education à l’IUFM de Créteil-Paris XII.
Et comme ces deux premiers diplômes sont « dévalorisés », les jeunes et leurs parents « perdent confiance dans le bac ». Résultat : « l’apprentissage et l’ANPE récupèrent les non bacheliers », en rupture avec le monde scolaire et qui jugent inutile de passer un diplôme qui ne leur garantit pas un meilleur travail, commente l’enseignant-chercheur.
Mais paradoxalement, c’est chez les bacs généraux qu’on observe depuis cinq, six ans un décrochage : 38 % d’une classe d’âge y accédait en 1985, 33 % seulement en 2001, 34,6 % en 2006.
« Les 80 % de l’époque ont été compris comme 80 % de réussite au bac général », explique Christian Forestier, mais, « si on regarde les textes, il est très clair que ce n’était pas ça ».
Plus que ça, « à niveau scolaire équivalent, la probabilité d’être en voie technologique ou professionnelle est sociale », assure-t-il.
« C’est la voie technologique, notamment tertiaire, qui a permis d’amener les enfants des couches moyennes et basses au bac, afin de préserver l’espèce en voie générale », ironise le spécialiste. Or, ajoute-t-il, « on a fait le plein chez les riches ».
« Mythe », « quota » ou « objectif » : à moins d’une semaine du bac, l’ambition d’amener 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat, gravée dans le marbre de la République depuis vingt ans, semble, au vu des chiffres, s’être transformée en vœu pieux.
Source: http://www.bienpublic.com/archives/article.php?a=art&num=000001104&aaaammjj=20070605&g