Tuesday, October 19, 2010

COURS N°11: LES BANLIEUES



Pour le mercredi 27 octobre

— Apprendre le vocabulaire des séances précédentes

— Faire les exercices proposés pour les vidéos 1 et 2, regarder attentivement les vidéos 3 et 4 (tout en bas de la page)

+ Répondre à la question suivante: quelle est la différence entre un bidonville, une cité de transit, et une cité HLM?

VIDÉO N °1: REPORTAGE ANTENNE 2, "Histoire de la Cité des Minguettes"

RECHERCHE
— Qu'est-ce que la Cité des Minguettes? (Lire une présentation ICI)



EXERCICE: Transcription sur papier et liste de vocabulaire.



VIDÉO N°2: ELIE ET DIEUDONNÉ : "La Bonlieue"
Pour dénoncer la violence qui sévit dans les banlieues, les humoristes Elie et Dieudonné parodient les reportages de la télévision française sur le "problème" de l'intégration.

Recherche:
— Qui sont "Élie et Dieudonné"? (lire une présentation ICI)
— Que signifie l'orthographe (incorrecte) du titre de cette parodie ("La bOnlieue")?

Exercice: Regarder attentivement la vidéo. Que comprenez-vous?

Ensuite: Lire toute la transcription
+ traduire le début (jusqu'à "ça va péter") et faire une liste de vocabulaire.



TRANSCRIPTION DE LA VIDÉO N°2:

Alex: Vas-y ,vas-y dégage, dégage!
Jean-Philippe : Ouais… moi j’suis Jean-Philippe El Glaoui. J’suis d’la troisième génération, comme y disent. Mais bon ça fait à peu près… pfff, ouais j’sais pas, ça fait combien de temps qu’on zone ici ? Vingt ans ? ça fait vingt ans qu’j’suis pas sorti d’ici, d’la cité .
Alex : depuis l’début d’toute façon.
JP : Ouais, depuis l’début quoi. Depuis l’début j’suis né ici moi… Quasiment ouais ça fait… Avec Alex
Alex : Moi c’est Alex, ouais euuh… Alex Kébé. Bon ben euuh… huitième génération… Avec euh, on s’est connus dans un foyer
JP : Ouais, foyer des jeunes
Alex : Ouais, c’est là que… avec les copains on a essayé de monter un groupe quoi, euh de ragga pour s’en sortir quoi c’est tout hein… suce ton père ça s’appelle.
JP : Ouais, moi j’voulais appeler ça lèche ta mère, mais Alex y trouvait ça trop vulgaire.
Alex : Vas-y c’est beaucoup trop vulgaire ! Faut donner une bonne image de nous hein… faut… faut qu’les gens y sachent qu’on est pas des bandits hein, c’est vrai, c’est la vérité.
JP : Ouais médiatiquement y disent toujours qu’ça s’passe dans les cités mais c’est pas vrai.
Journaliste : vous pouvez nous montrer où vous habitez exactement dans votre cité ?
JP : La cité où on habite ?
Alex : Les Bois Fleuris ? Ben c’est simple hein…
JP : ben là c’est la…
Alex : tiens on va lui faire un plan… tiens là-dessus vas-y… Ben là y’a les Bois… par exemple
JP : là c’est les Bois Fleuris là.… Là c’est la rue où on habite…
Alex : nous not’ bâtiment c’est le bâtiment G… C’est celui-là.
JP : Et là c’est la maison de quartier, c’est là où on s’est rencontrés, on vous en a parlé t’à l’heure.
Alex : Et l’accident…
JP : L’accident il est arrivé là… ça c’est la résidence… putain vas-y comment ça glisse ça !

Journaliste : voilà, j’ voudrais juste savoir… quelles sont vos relations avec les jeunes de la cité ?
Patrick Pied : Ouh là là ! Les relations avec les jeunes ? Oh ben elles sont simples : Bois-Fleuris, Joli Cœur et la Roche bleue, on n’y fout plus les pieds, hein. D’temps en temps histoire de s’marrer on y envoie un stagiaire, mais … trop dangereux, trop risqué.
Thierry Lamule : … trop dangereux et puis les jeunes… quand on en chope un, on s’arrange pour qu’il soit tout seul.

JP : Rue de la poupée qui tousse c’est là où on a habité. Et là c’est là où les portos y z’habitent, mais on a des problèmes avec les portos.
Alex : Sans déconner hein ! Trop gros problèmes… Trop gros problèmes… aucun respect pour eux, aucun respect.
JP : Euh nous, moi j’dis : la solution un p’tit peu ce serait que bon… pasque nous, y nous ont niqué Zoubir, alors qu’y nous donnent un des leurs comme ça ça fera un partout. Moi c’est ça la solution qu’j’ai pensé.
Alex : T’y arrivera pas, y sont trop mauvais, c’est des fils de maçons, y comprennent rien. Sont pleins d’thunes t’façon, kes t’en a à fout’ ?
JP : Y sont trop riches les portos.
Alex : C’est malheureux, on est obligés,… on est obligés…
JP : A notre époque on est obligés de…
Alex : … de faire la justice nous mêmes hein ! Sans déconner hein ! sans déconner !
JP : les flics y z’en ont rien à foutre.

Journaliste : Est-ce que ce serait pas plus intéressant de faire un peu de prévention, plutôt que de la répression ?
TL : Prévention ! Alors ça ça me fait marrer tiens ! Ça ça me fait marrer… mais non monsieur ! C’est pas possible ! Y passent leur temps à bibocher, à fumer là…
PP : C’est vous qu’allez nous donner des leçons ? Ben tenez, eh, tiens, prends les, hein, j’te l’donne moi, tiens, les v’là, vas y, allez va la faire ta prévention… ben on t’regarde ! on t’regarde ! La prévention !
TL : Laisse, laisse…
Le journaliste : ne le prenez pas mal !
PP : vous savez, ça, c’est malheureux à dire, on n’en a pas besoin, on s’en fout d’ça
TL : bien sur ! On voudrait bien le donner, on voudrait bien le jeter ! Mais bon ben…
PP/ Mais l’problème c’est qu’c’est pas possible, y sont enfouraillés jusqu’aux oreilles.
TL : Bien sûr, et puis y nous attendent au tournant, vous savez
PP/ D’toute façon ça va péter, ça peut pas tenir comme ça !
TL : Y’a un jour où ça va péter. (fin de la traduction)

JP : Bon là messieurs-dames, on est au lycée Descartes, là. Ç’t’a dire moi j’suis en sixième transition pis Alexandre il est en quatrième pasqu’il est trop bête.
Alex : Ouais c’est ça ouais j’suis trop bête.
JP : Ouais t’es trop bête toi.
Alex : Putain sans déconner, ça a pas changé, ça fait trop drôle.
JP : c’est zarbi hein…
Alex : Trop mortel, trop drôle. C’est dingue, hein.
JP : eh, v’là l’dirlo !
Alex : Tiens vas-y la caméra, viens, viens. Eh, salut, ça va toi ? Eh tu nous remets ou pas ?
Le Directeur : oui, oui
JP : Tu t’souviens de nous, non ?
Alex : vas-y ben vas-y exprime toi !
JP : Pourquoi t’as pas voulu qu’Alexandre y passe en troisième ? Pour quoi tu m’as mis en couture ?
Directeur : écoutez El Glaoui…
JP : Pourquoi tu m’as mis en couture ?
Directeur ; … on vous voit deux fois par an dans cet établissement, comment voulez-vous qu’on se fasse une opinion sérieuse sur votre niveau ?
JP : Vas-y, comment y m’fait flipper ma race lui !
Alex : Quoi ? quoi ? J’entends pas ! Répète ? J’entends pas c’que t’as dit
Directeur : Laissez-moi passer !
JP : Vas-y, comment tu m’as girffé les mains d’ta mère, lui !
Directeur : Votre dossier est au rectorat
Jp : vas-y, vas-y l’dossier au rectorat !
Alex : Sauve-toi ! Sauve-toi !
Directeur : Voyous !
Alex : Ah, comment il a les boules ! Commen t’y a mis les boules !
JP : Vas-y, c’est l’éducation nationale ! Vas y, c’est comme ça qu’on est traités nous les jeunes !
Alex : Pourquoi on n’est pas respectés ? Sans déconner !
JP : ON n’est pas respects, j’te jure !

Directeur : Comme vous pouvez le constater nous avons affaire à des jeunes dits « en difficulté », et qui ont énormément de mal à s’intégrer au milieu scolaire, hein, et qui rejettent en bloc toute forme d’autorité… et notamment la mienne. Quelques exemples : On m’a brûlé deux fois ma voiture, l’année dernière j’ai eu la mâchoire brisée, et actuellement j’ai deux côtes en moins, et un poumon perforé. Alors je le dis au risque de choquer : je suis armé. Et j’encourage vivement mes collègues enseignants à pratiquer des entrainements paramilitaires. Voilà … je sais, c’est comme ça, mais … Où allons nous, hein ? Où va-t-on ? … Planquez-vous c’est parti !
Alex : Vas-y sauve-toi ! On t’a dit de pas v’nir ici !
JP : T’as rien à faire ici !

Journaliste : Jean-Philippe ? Alexandre ? Vous le connaissez monsieur Duchêne… qui habite la cité et qui est armé ?
Alex : Le sniper ? Bien sûr qu’on le connaît .
JP : c’est un fou lui, c’est un fou ! Tous les mardis y tire sur nous ! C’est un enculé !

PP : Duchêne ? Ouais c’est un ancien de chez nous, ouais.
TL : Ouais, c’est un de la maison…
PP : C’est un d’la maison, qui a été un p’tit peu plus loin…
TL : chut, chut
PP. … Qui a voulu partager euh…
TL : … et qui a eu raison !

JP : L’avenir ? L’avenir euh… le futur ?
Journaliste : Votre vie, comment vous la voyez plus tard, dans l’avenir ?
JP : Ouais, ouais, exact… Ben chais pas, euh… l’avenir bon ben je… j’aimerais bien euh, d’jà sortir d’ici… aller au moins à la périphérie quoi ! Et pis euh… j’sais pas j’aimerais bien être euh… avocat… avocat d’affaires… ou député-maire. C’est bien ça député-maire t’fais d’la thune avec ça. Député-maire ou bien j’aimerais bien vendre des stylos. J’aime bien les stylos.

Journaliste : Alex, comment voyez-vous votre vie plus tard ?
Alex : L’avenir ? Euh ; t’façon tes questions euh… Tu les poses… tu les poses pas, j’veux dire, c’est à moi d’les répondre. C’est à omoi d’choisir. Hein ? Déjà premièrement. Euh… t’façon l’avenir euh, j’vais t’dire euh, c’est la galère hein… ça c’est clair hein… ça… y’a pas d’avenir hein y’a pas d’avenir d’façon pour nous.
Journaliste : Vous avez des aspirations dans la vie ?
Alex : Kes t’en a à fout’ ? Ben des aspirations j’sais pas non… peut-être que j’serais j’sais pas, golden boy. Ça c’est bon ça. Ça gagne bien ça. Tu peux prendre d’la thune, et t’faire des femmes. Ça c’est bon ça. Tu peux t’faire d’la thune avec ça. Mais après j’veux dire, tu t’la fais piquer dans un endroit aussi craignos que ça, avec tous les branleurs. Tu t’la fais piquer ta thune. Oh Jamel ! Ouais j’arrive ouais. Bon kes tu m’veux encore ? Vas-y j’t’écoute ! D’façon j’en ai rien à branler j’vais t’dire… L’avenir pour moi c’est clair hein, d’façon… Faudra venir me l’chercher mon avenir… J’les attend les mecs hein… Kes t’en a à branler ?

Voix-off : Deux mois après ce reportage, Alexandre kébé but retrouvé mort, une flèche dans le dos, dans une cave de la cité.

JP : Ouais d’façon… pffff… le problème c’est que si jamais j’viens avec ma Rolls j’vais m’la faire taguer. Moi j’aimerais bien… Pasqu’une Rolls, j’sais pas c’est … c’est bien quoi y’a du cuir, y’a des trucs comme ça.

Voix-Off : Suite à un stage de réinsertion, Jean-Philippe El Glaoui est actuellement gardien de la paix à Neuilly sur Seine.


VIDEO N°3: YAMINA BENGUIGUI, "Mémoires d'Immigrés":
Dans son documentaire sur les immigrés venus du Maghreb, Yamina Benguigui interroge un de leurs enfants né en France: comment le pays des droits de l'homme a-t-il traité ce nouveau citoyen?


Pour aller plus loin: REGARDER une présentation du film "Inch'Allah Dimanche", de Yamina Benguigui.

VIDÉO N°4: MAURICE PIALAT, "L'Amour Existe" (1960)
Dans ce magnifique document consacré aux divers visages de la banlieue parisienne à la fin des années 1950, Maurice Pialat s'attarde longuement sur l'incendie d'un bidonville à Nanterre (banlieue ouest)


POUR ALLER PLUS LOIN: Regarder l'intégralité de ce magnifique documentaire sur YouTube (20 mn)

PISTE DE RÉFLEXION: quelle est la différence entre un bidonville, une cité de transit, et une cité HLM?