Wednesday, August 4, 2010

COURS 3: De battre mon coeur s'est arrêté


Devoirs:

— Mettre à jour votre liste de vocabulaire personnalisée (cours + textes + recherches)
+ connaître le vocabulaire par coeur (voir Cours n°1 & 2 en bas de page pour les listes)

Pour Lundi 13 septembre 2010
— Regarder le film De Battre Mon Coeur s'est arrêté (Jacques Audiard, 2005)
( —> disponible en ligne sur Netflix)

— Recherche: Qui est Jacques Audiard? Qui était son père?

a) PENDANT LE FILM:
— Préparer une liste de vocabulaire personnalisée concentrée sur l'argot et les tournures idiomatiques du film (min: 25 mots/expressions)
— Réflexion personnelle
> Quel est le personnage dont vous aimeriez parler en classe? Pourquoi?
> Quel est le thème qui vous semble le plus important dans ce film? Pourquoi?

b) APRÈS LE FILM:
— Lire le texte de présentation ci-dessous
— Lire la transcription de la première scène ci-dessous et relever/traduire les expressions argotiques
+ à votre avis, quel est le rapport entre cette scène et l'ensemble du film?

Bande annonce (trailer):



Texte de présentation:

Film français
Genre : Drame
Durée : 1h 47min
Année de production : 2004
Date de sortie : 16 Mars 2005
Avec Romain Duris, Aure Atika, Emmanuelle Devos
Remake de Mélodie pour un tueur (Fingers)
Réalisé par Jacques AUDIARD

Est-on le fils de son père ou celui de sa mère ? Chacun d'eux imprime quelque chose en nous, mais qu'en faisons-nous ?

Tom aide son père, un vrai magouilleur, à récupérer des appartements en chassant sauvagement les sans-logis qui les occupent. Tom laisse éclater sa violence mais au fond de lui, il y a cet amour de la musique, musique techno qui remplace la musique classique qu'il a pratiquée avec sa mère, une concertiste morte prématurément. La rencontre fortuite de l'agent de sa mère est un déclic. Il se remettra au piano sous la conduite de Miao-Lin, une jeune virtuose chinoise qui ne parle pas français. Il s'acharnera sur son clavier avec la même violence, mais la douceur et l'exigence de Miao-Lin feront de lui un autre homme, lui permettant de se libérer du père envahissant et de s'ouvrir au monde des sentiments.

Jacques Audiard nous montre deux univers opposés, celui des hommes avec sa violence, son désir d'argent , et celui des femmes où règnent douceur et musique. C'est avec une caméra à l'épaule, toujours en mouvement qu' Audiard filme, dans un tourbillon de lumières tantôt crues tantôt sombres, la brutalité des expulsions, réservant les plans fixes pour les leçons de piano où Tom s'affronte à la difficulté d'une fugue de Bach. La musique joue un grand rôle dans ce film . Romain Duris a su traduire cet enfouissement de Tom dans la musique ; où qu'il soit il rythme avec son corps, se balance, fait travailler ses doigts en écoutant son walkman. Mais il sait aussi se concentrer sur tel ou tel passage difficile de Bach. Le film a du reste reçu l'Ours d'Argent de la Meilleure Musique au festival de Berlin 2004.

Pour son quatrième long métrage, Jacques Audiard nous offre une belle réflexion sur des thèmes universels : la filiation, la vocation, la recherche d'identité, la rédemption.

Christiane Chemla

*

VIDÉO: EXTRAIT, PREMIÈRE SCÈNE DU FILM





TRANSCRIPTION DE LA PREMIÈRE SCÈNE DU FILM

Exercice: relever & traduire les expressions argotiques/idiomatiques

T’as connu mon père toi ? Il était pas du tout gâteux, plutôt du genre hyperactif, autoritaire et tout... Mais à un moment donné il s'est mis à me faire chier, tu peux pas savoir. Globalement il m'a toujours fait chier, mais là c'est devenu autre chose, il m'a fait chier d'une autre façon. Tu sais, avant il ne me demandait jamais mon avis, ou alors comme ça, pour me dire qu'il me l'avait demandé. Il me demandait de faire les choses et moi je les faisais. Et puis un moment donné il s'est mis à me demander mon avis, ce que je pensais de ci, comment je trouvais ça, ce que je ferais à sa place, et cetera... Et puis des fois il me demandait mon avis sur ses histoires de cul avec ses caissières, ses secrétaires, mais je détestais ça, je trouvais ça dégueulasse. Et lui il continuait comme si j'étais devenu son pote, ça me rendait dingue. Et puis un moment donné j'ai compris ce qu'il se passait, c'était plus mon père que j'avais en face de moi tu vois, c'est comme si j'avais un môme qui était devenu mon fils, que j'étais responsable de lui et que c'était moi le père, tu vois ? En fait c'est ça, on fait pas gaffe, et puis un jour on se réveille et puis les choses ont changées de place. Passe moi du feu… passe moi du feu… Ce qui est emmerdant dans ce genre de truc, c'est que tu peux gueuler, filer des coups de pompes dans les murs, ça ne sert à rien, rien du tout. En fait ça veut juste dire que le temps a passé, que ton père a pris un coup de vieux et que t'as cessé d'être immortel. Tu crois en dieu toi ? — Non — Ben normalement c'est à ce moment là que l'on commence à y croire quand on y croyait pas. Et puis un moment donné tu comprends qu'il faut faire avec, quoi. Et puis mon père est tombé malade, et puis je me suis occupé de lui comme on s'occupe d'un enfant : je le torchais, je lui faisais à manger, je lui essuyais la bouche... Et le pire dans tout ça, c'est que je ne voulais pas que ça s'arrête... Et l’année d’après j’ai eu mon premier enfant, voilà.


*


VOCABULAIRE DU FILM

L’immobilier : real estate
Un entrepôt : a warehouse
Un robinet : a faucet
Les allumettes : matches
Faire moitié-moitié : To go fifty-fifty
(argot: « faire moite-moite »)
Une lampe de poche : a flashlight
Un squatter : a squatter
Véreux, véreuse : shady
Un voyou/un malfrat : a thug
Une bagarre : a fight
➢ Se bagarrer avec quelqu’un : to fight somebody
➢ Chercher la bagarre : to try to start a fight


Un(e) pianiste concertiste : a concert pianist
Un impresario : a manager (for artists)
Le clavier (du piano) : the keyboard
Une touche : a piano key
Une bourse d’études : a scolarship
Un(e) répétiteur/répétitrice : a coach, tutor
Doué(e) : talented
Un découvreur de talents : talent scout
Un casque : 1) helmet 2) headphones
le trac : stage fright
Enregistrer : to record


La barrière du langage : language barrier
Un coffre : a trunk
Un(e) battant(e) : a go-getter
Les affaires familiales : family business
Déchiré(e) : torn
Un chantage affectif : emotional blackmail
Travailler d’arrache pied : to work hard
Un tournant : a turning point
Etre apaisé(e) : to be soothed
Une cicatrice : a scar
Une chimère : a pipe dream


ARGOT :
Gâteux (-euse)* : senile (sénile) Faire chier qqn** : tu bug so (embêter qqn)
Cf chier*** : to shit (déféquer)
Un pote* : a Buddy (un ami)
Dingue* : crazy (fou, folle)
Un(e) môme* : a kid (un enfant)
Des histoires de cul** : ass stories (des histoires de fesses) Faire gaffe *: to be careful (faire attention)
Se torcher le cul***: to wipe one’s ass
Gerber** : to puke (vomir)
Une connerie **: some bullshit (une bêtise
T’as mal aux couilles*** ? Your balls itch ?
Les nibards/nichons** : tits (les seins)
Un maquereau* : a pimp
Une clope* : a smoke (une cigarette)
S’éclater* : to have fun/a good time (s’amuser)
Une magouille/une combine* : a scheme
Un maboul* : a weirdo (un détraqué)
Raquer* : to cough-up (money) > (payer) Avoir la bougeotte* : to be restless (être nerveux)
Gigoter* : to fidget (s’agiter)
La thune*, Le pognon*: money (l’argent)
Une gonzesse* : a chick (babe)
Merder** : to fuck up
➢ « J’ai merdé » : I fucked up
Baiser qqn** : to fuck someone
Bouffer* : to eat

EXPRESSIONS/PHRASES

Passe-moi du feu* : gimme a light (donne moi du feu)
Prendre un coup de vieux* : to get old Ça ne sert à rien : it’s no use Il faut faire avec : you gotta accept the facts of life
Ça me botte* : I dig it
Les pompes * : les chaussures
>> Etre à côté de ses pompes (lit : « to be outside of one’s shoes ») : to be unfocused, absent minded
(Ex : Je ne suis pas à côté de mes pompes)
ça me rend dingue* : it drives me nuts
ça me dépasse : it’s over my head
J’en ai marre* : I’m sick of this (j’en ai assez)
T’es pas sur le coup* : you’re not on the ball (tu n’es pas concentré)
Je compte sur toi : I’m counting on you

TRANSCRIPTION "PHONÉTIQUE" DE LA PREMIÈRE SCÈNE DU FILM
T’as connu mon père toi ? Il était pas du tout gâteux*, plutôt du genre hyperactif, autoritaire et tout... Mais à un moment donné, y s'est mis à m’faire chier***, tu peux pas savoir. Globalement y m'a toujours fait chier, hein, mais là c'est devenu ôt’ chose, y m'a fait chier d'une ôt’ façon. T’sais, avant y m’demandait jamais mon avis, ou alors comme ça, pour m’dire qu'y m’l'avait demandé. Y me demandait de faire les choses et moi je les faisais. Et puis un moment donné y s'est mis à m’demander mon avis, ce que je pensais de ci, comment je trouvais ça, ce que je ferais à sa place, et cetera... Et puis des fois y m’demandait mon avis sur ses histoires de cul** avec ses caissières, ses secrétaires, mais je détestais ça, je trouvais ça dégueulasse*. Et lui y continuait comme si j'étais devenu son pote, ça m’rendait dingue. Ça me rendait dingue*. Et puis un moment donné j'ai compris ce qu'il se passait, c'était plus mon père que j'avais en face de moi tu vois, c'est comme si j'avais un môme* qui était devenu mon fils, que j'étais responsable de lui et que c'était moi le père, tu vois ? En fait c'est ça, tu vois, on fait pas gaffe*, et puis un jour on se réveille et puis les choses ont changé de place. Passe moi du feu… passe moi du feu… Ce qui est emmerdant dans ce genre de truc, c'est que tu peux rien y faire hein, tu peux gueuler*, filer des coups de pompes* dans les murs, ça sert à rien, rien du tout. En fait ça veut juste dire que le temps a passé, que ton père a pris un coup de vieux et que t'as cessé d'être immortel. Tu crois en dieu toi ? — Non — Ben normalement c'est vers ce moment là qu’on commence à y croire quand on y croyait pas. Et puis un moment donné tu comprends qu'il faut faire avec, quoi. Et puis mon père est tombé malade, et puis je me suis occupé de lui comme on s'occupe d'un enfant : je le torchais, je lui faisais à manger, je lui essuyais la bouche... Et le pire dans tout ça, tu sais quoi ? c'est que je voulais pas que ça s'arrête... Et euh… l’année d’après j’ai eu mon premier enfant, voilà.